La formation à distance utilise une vaste gamme d’activités d’évaluation. À l’exclusion des discussions, supportées depuis plus de 20 ans par les forums en ligne, la plupart de ces activités se déroulaient jusqu’à récemment hors Web. Les étudiants réalisaient en effet l’essentiel de leurs travaux sur ordinateur personnel ou sur papier, les réseaux ne servant qu’à la transmission du document ou aux échanges avec l’enseignant.
Les nombreux outils maintenant disponibles en ligne, souvent associés au Web 2.0, ont cependant multiplié les scénarios possibles d’activités d’évaluation en réseau, activités dont la correction est ou n’est pas automatisée. En fait, les activités possibles sont maintenant si nombreuses qu’il serait difficile de les évoquer toutes. Parmi les principales, les discussions sur Internet et les portfolios électroniques seront détaillées dans cet article. Mais d’autres pratiques liées à l’utilisation d’outils du Web 2.0 comme les blogues, ou d’autres instruments maintenant courants en ligne, comme l’audio et la vidéoconférence, y seront également abordées.
Beaucoup de formateurs à distance croient que : « Nous n’apprenons jamais seuls, nous apprenons en interaction avec un « dispositif pédagogique ». Nous apprenons au sein d’un groupe d’apprenants ». Voilà pourquoi ils mettent régulièrement en place des activités liées à la discussion et à l’interaction dans leurs groupes.
En matière d’évaluation, les forums servent généralement à déposer de courts travaux, comme un résumé de lecture, la réponse à une question ou une réflexion métacognitive. Ils sont employés pour l’évaluation par les pairs de ces travaux ou d’autres productions mises en réseau. Ils facilitent les interactions dans un travail d’équipe et l’entraide dans le groupe. Ils peuvent servir de dépôts plus exhaustifs, d’un ensemble de travaux, et devenir l’outil privilégié d’interaction avec l’enseignant.
La discussion
Particulièrement lorsque le forum est utilisé principalement pour développer les capacités d’interaction et d’entraide et briser l’isolement des étudiants, spécialement à distance, l’évaluation de l’activité repose souvent sur une mesure de la participation. Selon les cas, les critères d’évaluation tiennent alors compte de la pertinence et de la qualité des interventions, de leur longueur, de leur nombre ou de leur répartition dans le temps. L’évaluation porte à la fois sur le contenu et le niveau d’interaction.
Le travail collaboratif
De diverses façons, comme dans le cas ci-dessus ou la négociation ci-dessous, les forums sont des lieux si ce n’est de production collaborative à tout le moins de préparation et de coordination de la production du matériel évalué. Des forums d’équipe sont donc une façon simple pour l’évaluateur d’observer, beaucoup mieux qu’on ne peut généralement le faire en classe, les contributions réelles de chacun.
Les jeux de rôle
Le forum peut aussi être un support à une autre activité et c’est alors davantage la qualité des contributions que la participation qui est au cœur de l’évaluation. On peut proposer aux élèves de travailler des modèles de sujets pour l’épreuve orale soutenue lors de la passation du DELF. On peut demander aux élèves de s’auto et inter évaluer à partir de la grille d’évaluation disponible sur Internet.
Les études de cas
On peut soumettre à ses étudiants / élèves, divisés en équipe de quatre ou cinq participants par forum, une histoire de cas. Ils devraient, en 30 minutes et en utilisant au besoin leur manuel « effectuer une tâche », c’est-à-dire, par exemple, « trouver les informations révélatrices sur un pays francophone lors de sa présentation sommaire ». L’enseignant peut leur transmettre ensuite le corrigé de cette tâche à réaliser, c’est-à-dire il peut leur fournir la liste des traits révélateurs du pays qui fait l’objet de l’étude de cas.
Les cyberportfolios
Il me semble que l’intérêt principal du portfolio en éducation, peu importe le média, réside dans sa fonction spéculaire. Le portfolio fonctionne comme un miroir cognitif. Sans être généralisés, les portfolios électroniques et les diverses activités d’évaluation qui peuvent y être liées sont déjà utilisés à large échelle dans certains établissements. Ils ont de nombreux usages, qui ne sont pas tous liés formellement à l’évaluation de l’apprentissage, mais ils sont généralement utilisés pour démontrer et évaluer des capacités d’auto-évaluation et d’évaluation par les pairs, pour favoriser la discussion et l’évaluation formative, mais également pour faciliter l’évaluation sommative de leurs contenus.
On peut par exemple demander à des élèves de terminale de rédiger des CV normalisés Europass comme réponse à une offre d’emploi, CV que l’élève va autoévaluer, en interaction avec l’enseignant, le tout étant précédé d’une grille d’évaluation mise en ligne pour permettre à l’élève de mieux réfléchir aux habiletés qu’il doit développer.
Les cartes heuristiques
Les cartes heuristiques ou conceptuelles sont un autre groupe d’applications qui peuvent maintenant être utilisées directement en ligne et donc y servir à divers exercices évalués. De même, les logiciels de cartes conceptuelles peuvent être utilisés pour évaluer la capacité à résoudre des problèmes. Un bel exemple d’utilisation de la carte heuristique ou mentale sont les activités proposées par le site https://www.europeanfilmfactory.eu/, présenté récemment lors d’un webinaire organisé par L’Institut Français de Bucarest.
Les questionnaires automatisés
Si les évaluations entièrement en ligne ne se limitent pas aux questionnaires, ceux-ci ne sont pas non plus circonscrits aux QCM. Par ailleurs, les fonctionnalités que l’informatisation ajoute à ces outils en font des formes d’évaluation substantiellement différentes des tests et examens traditionnels. L’acronyme QCM est en fait utilisé pour des questionnaires divers. Les réponses peuvent effectivement être à choix multiples (avec réponse unique ou non), binaires (vrai/faux, oui/non, etc.) ou unique, prendre la forme de réponses à classer, à associer, à exclure, à placer sur une image, de grilles et de mots-croisés, de dictées, de brèves réponses ouvertes, etc. Les questions prennent aussi de multiples formes. Il peut s’agir d’une question à trous, d’un énoncé ou d’un texte long, d’une image ou d’un graphique et, de plus en plus couramment, d’une animation, d’un fichier sonore ou d’une vidéo.
La rétroaction est une constituante importante de l’évaluation. Si la technologie permet de l’industrialiser, par exemple d’envoyer le même courriel dans un format individualisé à tous les étudiants, elle permet aussi de fournir plus facilement une rétroaction rapide et de l’adapter beaucoup mieux à chaque élève.
Les évaluateurs sont maintenant nombreux à évaluer directement les travaux en version électronique, en utilisant soit les fonctions de commentaires du logiciel d’origine, soit un outil spécialisé. Sans doute conscients du fait que les élèves ne prêtent pas nécessairement attention à la rétroaction qu’ils reçoivent et qu’il faut donc mettre en place des moyens pour capter leur intérêt, certains expérimentent avec des rétroactions plus visuelles ou plus multimédias. Plusieurs applications permettent d’annoter un travail, même textuellement, en ajoutant à l’intérêt visuel. C’est le cas d’outils qui offrent la possibilité d’ajouter des commentaires sous forme de papillons adhésifs ou d’illustrations ou des mots d’encouragement.
PROFESOR CÎRSTEA SILVIA, COLEGIUL NAȚIONAL « IENĂCHIȚĂ VĂCĂRESCU » TÂRGOVIȘTE
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ian.